Le dictionnaire annonce deux sens opposés (faites votre choix !) : « une manière quelque peu inhabituelle d’être dégagé, libre et élégant », et « une manière de se comporter avec une liberté excessive voire inconvenante ». Ce mot est d’origine italienne (disinvoltura) et suggère une figure compliquée : le préfixe dés- défait (élégamment ou de façon inconvenante ?) l’in-volture qui doit être une sorte de boucle sur elle-même, compliquée comme le premier nœud de notre première chaussure à lacet, une torsade baroque, un ruban de Moebius, une figure impossible que seule la gitane en transe sait réaliser dans le regard de ses admirateurs. Mais baste, voilà la culture tauromachique nîmoise, dont je me fiche comme d’une guigne, qui revient sous ma plume, alors qu’on m’a juste passé commande d’une notule lexico sans façons ! Allez donc : je propose l’entrée « désinvolter (se) » au dictionnaire : je me désinvolte, désinvolte-toi, afin qu’ils se désinvoltassent ! (Le mois prochain : Insouciance)
Pauline Tanon – auteure.metteur en scène.comédienne
Site : www.theatreaujardin.com
