On peut sortir de ses illusions de soi-même : se désabuser ; ou en être extrait(e) par une aide extérieure : être désabusé(e). Si elle est réjouissante pour le bouddhiste, cette perte des illusions est souvent vécue comme une mélancolie (animal triste, sic transit…). On arbore alors une mine ad hoc, masque assez chic avec sourire de dégoût amer et cernes noirs sous lunettes de même couleur.
Mirage ou trucage, l’illusion jouit, beau paradoxe, de la protection inavouable de ceux-là mêmes qui traquent l’abus avec acharnement. Le réel est-il donc un fruit si amer ? Adam s’en est plaint le premier qui, perdant l’eden primitif préparé tout exprès pour ses jeux, a traversé le miroir comme Alice les merveilles, tombant de son haut, sur son cul.
Il est fortement conseillé en ces temps de dénonciation publique de l’abus (du système social par les plus faibles et du système économique par les plus forts), de perdre ses illusions si l’on veut ou si quelqu’un a l’amabilité de vous y aider, mais de garder sa confiance, son ravitaillement, ses cactus, etc (cf définitions précédente et à venir).
Pauline Tanon – auteure, metteure en scène, comédienne
Site : www.theatreaujardin.com
